Les secrets du cortège des rois et des reines

Dalia Hamam Jeudi 17 Décembre 2020-14:47:48 Archéologie
La momie de Ramsès II
La momie de Ramsès II

Les fans de l’archéologie égyptienne attendaient avec impatience depuis longtemps l’annonce de l’événement le plus attendu avant la fin de l’an 2020. Il s’agit du cortège de 22 momies royales transférées du musée de Tahrir vers la salle principale du musée national de la Civilisation.  

La directrice générale du musée égyptien de Tahrir, Mme Sabah Abdel Razek, a indiqué que les 22 momies sont prêtes pour être déplacées vers leur emplacement permanant. 17 des 22 momies étaient exposées dans les salles du musée tandis que les autres se trouvaient dans les dépôts et n'ont jamais vu la lumière. Elles ont été examinées, maintenues et emballées pour le moment du transfert. Les travaux de maintenance ont duré trois mois.   

Le ministère du Tourisme et des Antiquités a déjà précisé le trajet du cortège : il va commencer par le musée, il passera par la place Tahrir où se trouve l’obélisque du roi Ramsès II et les quatre béliers déplacés du temple de Karnak à Louxor, pour arriver à Corncihe du Nil puis enfin le musée national de la Civilisation. Le gouvernorat du Caire a pour sa part proclamé l’état d’urgence dans les alentours du trajet ainsi qu’au musée à Foustat.    

Des photos ont circulé sur les réseaux sociaux il y a une semaine montrant des véhicules spécialement fabriqués pour y mettre les momies. Sur chacun de ces véhicules est écrit le nom du roi ou de la reine qui sera déplacé. On cite parmi les momies des rois : Ramsès II, Touthmôsis III, Séthi 1er, quand aux reines elles sont Ahmès-Néfertari et Ahmosé-Méritamon.  

La momie de Ramsès II : Depuis plus de 3000 ans, la momie de Ramsès II passionne les égyptologues. Cette momie qui défie le temps fut découverte en 1881 par l’égyptologue français Gaston Maspero. Elle est facilement identifiable car le visage du souverain présente un nez crochu et une forte mâchoire. Il mesurait 1,73 m. Son décès a affolé les égyptologues, alors que plusieurs observations furent formulées sur la momie. En 1912, la momie a témoigné des premières détériorations puis en 1974, des égyptologues remarquèrent que son état s'était encore plus dégradé et qu'elle devait être traitée pour une infection fongique. Ils décidèrent de l'emporter à Paris, afin de l’étudier pour connaître les causes de sa mort. La momie de Ramsès fut reçue à l'aéroport du Bourget, près de Paris, avec les honneurs militaires digne d'un Roi. Une équipe internationale fut chargée de la restauration de la dépouille royale. Les analyses révélèrent en premier lieu d'anciennes blessures et de vieilles fractures. Après une radiographie, les égyptologues constatèrent qu'il y avait un morceau de bois inséré dans la partie supérieure du thorax afin de garder la tête en place. On pense que, pendant le processus de momification, la tête de Ramsès II avait dû être accidentellement défaite du corps. L'utilisation de films radiologiques de très haute sensibilité ont permis de mettre en évidence l'existence d'un grave dommage dans la bouche, une affection inflammatoire du tissu osseux causée par un abcès dentaire. Cette affection fut suffisamment grave pour avoir causé la mort par infection, mais cela ne peut pas être déterminé avec certitude. L'inspection microscopique des racines des cheveux de Ramsès II suggère qu'il venait d'une famille de rouquins.
   

La momie de Séthi Ier : Elle fut retrouvée dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari, mise au jour en 1881. Le tombeau fut découvert en 1817 par Giovanni Battista Belzoni quelques années plus tard, Howard Carter prendra sa suite. De 1996 à 2000 il a fait l'objet d'une campagne de restauration menée par le Centre américain des recherches en Egypte. C'est le plus long et le plus profond de tous les tombeaux de la vallée des Rois. Il se compose d'un total de sept couloirs et de dix chambres. Le sarcophage en albâtre de Séthi Ier porte une version du livre des Portes, entièrement gravée et dont les hiéroglyphes étaient jadis emplis de pâte bleue. Le sarcophage est conservé au Sir John Soane's Museum de Londres.

La momie de Touthmôsis III : Son tombeau, KV34, se trouve dans la vallée des Rois, mais sa momie fut retrouvée en 1881 dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el Bahari, elle mesurait 1.68 m. La momie fut endommagée par les pilleurs de la tombe. Cassée en plusieurs morceaux, elle fut sauvée de la destruction complète par les Prêtres qui la consolidèrent avec des bandelettes. Son tombeau se compose d'une entrée assez raide qui donne accès à un corridor, puis à l'antichambre avec sa descenderie centrale et un deuxième corridor menant à une autre chambre.
  

La reine Ahmosé-Méritamon : Cette reine est la fille ainée du pharaon Ahmosis 1er. Elle est l’épouse de son frère Amenhotep 1er. La momie d'Ahmès-Méritamon fut découverte dans deux cercueils en bois de cèdre inclus dans un épais cartonnage extérieur. Comme le confirme la grande majorité des égyptologues, il est apparu après son examen que la Reine était morte relativement jeune, à l'âge d'une trentaine d'années, et qu'elle souffrait d'arthrite et de scoliose. Sa momie, très endommagée, avait en premier lieu été confondue avec celle d'Ahmès-Méritamon, probablement une fille de Séqénenrê. Le corps, profané dans l'antiquité, fut bandeletté de nouveau sous la XXIe dynastie, lors du règne de Pinedjem I (1054-1032). 

La momie de Ahmès-Néfertari : Ahmès-Néfertari I fut enterrée, avec son fils Amenhotep I, dans la nécropole Thébaine, de Dra Abou el-Naga, mais sa momie retrouvée dans son cercueil d'origine, avec quatre vases canopes à son nom, se trouvaient dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari, découverte en 1881. Le corps fut dépouillé de ses bandelettes par Emile Brugsch en septembre 1885, il était dans un état de décomposition très avancé et il dut être enterrer de nouveau dans l'enceinte du musée. L'examen ultérieur de sa momie permit d'affirmer qu'elle était vraiment de peau blanche, contrairement à plusieurs affirmations qui circulèrent et qu'elle mesurait 1 m 61. Elle serait décédée à l'âge de 55/60 ans, d'autres sources provenant du rapport de Gaston Maspero établi lors du déballage de la momie, donnent 70 ou 75 ans, ce qui semble effectivement plus probable chronologiquement. Sa chevelure avait été artificiellement épaissie par l'adjonction de fausses tresses destinées à se transformer en vrais cheveux dans son autre vie. Joyce Anne Tyldesley nous précise que la Reine avait des dents proéminentes, un trait de famille qu'elle partageait avec la momie attribuée à sa grand-mère la Reine Tétishery. Sa main droite manquait, on pense qu'elle fut emportée par des pillards à la recherche de bijoux. 

Sources : Wikipédia, Antikforever, Al-Youm Al-Sabei

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